L'attaque du casino de Malo

Dans le Roubaix du debut des annees soixante, Fernand, Gerard et Emile, trois bricoleux a court d'argent, cherchent le moyen de s'enrichir facilement. Le casino de Malo-les-Bains, a Dunkerque, semble etre une bonne cible. Plus personne ne s'y interesse. En perte de vitesse, il va bientot fermer pour travaux. Nos trois amis decident de s'emparer de la caisse le soir du reveillon du Nouvel An. Leur stratageme est original : ils invitent les pensionnaires d'une maison de retraite a passer une soiree au casino pour detourner l'attention. Pendant ce temps, eux s'occuperont du coffre.EXTRAITUn soir de la mi-octobre, apres une journee de travail harassante qui s'etait relativement mal terminee, Fernand rentrait chez lui. Etre oblige de travailler etait deja en soi un sujet de deprime pour notre ami, quand en plus cela tournait mal, il nageait carrement dans l'horreur. La routine se faisait insupportable et chacun sait que l'ennui naquit un jour de l'uniformite. Le client visite, un petit besogneux obscur, le monsieur Raoul de base, responsable de la troisieme travee a gauche en entrant dans la salle des machines, avait cru bon de le laisser faire antichambre une heure de rang. Comme ca, par principe, histoire de lui rappeler sa place sur l'echiquier. C'etait l'attitude courante preconisee a tenir avec les representants, une sorte de tradition. Le fin du fin etant de laisser mariner les solliciteurs a cote de la cuve a teinture pestilentielle, bien au chaud au milieu de la vapeur, afin de leur assouplir le cuir. Les victimes etaient ensuite rendues humbles et malleables, en vue de la negociation. L'etape suivante consistait a les renvoyer dans leur foyer sous un pretexte quelconque, le carnet de commandes vierge apres les avoir fait danser a la corde en negociant aprement les prix sans avoir jamais eu l'intention d'acheter quoi que ce soit.A PROPOS DE L'AUTEURBernard Thilie est ne rue du Vieil-Abreuvoir a Roubaix dans un debit de tabac enfume nomme le Havane C'est a Roubaix qu'il a vecu une scolarite chaotique qui lui a permis de frequenter la quasi-totalite des ecoles de cette ville, lassant la patience des enseignants de cinq etablissements sur les treize visites. Apres un service militaire houleux dans l'artillerie, dont temoigne l'absence de clochers de certains villages du Poitou, il a sevi pendant quarante ans dans le monde fertile des engrais, milieu culturel s'il en est. Il a decouvert la litterature a dix ans au travers de la comtesse de Segur et depuis, lit en moyenne trois livres par semaine. En 2003, il realise son reve et se met a l'ecriture. Sept romans a ce jour, dont une biographie de chef d'orchestre toujours a la recherche d'un editeur courageux, une vision personnelle et vecue de mai 68, et la suite de Nuit de chine. Aujourd'hui retraite, l'auteur coule des jours paisibles en Normandie sur les plages du debarquement, anciennement cote allemand, tout en jetant quotidiennement sur la mer un regard inquiet parce qu'on ne sait jamais.